lundi 27 novembre 2017

[Norvège] NO OIL

Message laissé au monde par les pêcheurs de Svolvær



NO OIL


Le message est clair. A Svolvær, Ville de l’île Austvågøya des iles Lofoten en Norvège septentrionale, les pêcheurs de skrei ne veulent pas de forages pétroliers.


Le skrei, utilisé sur la photo ci-dessus sur les séchoirs pour faire passer le message, est un cabillaud vivant dans la mer de Barents et qui vient frayer entre janvier et avril dans l’archipel des Iles Lofoten. A travers le monde, les cabillauds font partie des espèces dont la population régresse chaque année en raison de la pollution et de la pêche intensive. En Norvège, d
ès le XVIIe siècle, les méthodes de pêche au filet ont été accusées d’être à l’origine de la raréfaction du poisson. Ainsi  des plaintes ont été adressées au roi et le résultat fut l’interdiction de ces méthodes. Cette politique stricte de quotas qui permet une préservation efficace des ressources halieutiques. En 2012, la biomasse totale dans la mer de Barents est estimée à environ 2,8 millions tonnes, ce qui fait de cette population de cabillauds la plus importante au monde.
 
Eliassen Rorbuer, tout près de Reine, ville de pêcheurs


C’est maintenant prouvé : des études de 2009 ont montré que de faibles doses de pétrole brut exposées aux cabillauds avaient des effets sur leur coagulation, leur système immunitaire, leur fertilité et leur métabolisme, entre autre (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19682737). On sait également que les vibrations des plates formes pétrolières ainsi que le flux de tankers risquent fortement de perturber les migrations de poissons et mammifères.


Le message que les pêcheurs des îles Lofoten veulent passer au monde est donc légitime. Ce message est écologique, mais aussi sociale : la pêche du skrei est toujours la principale activité des habitants de l’archipel.


Séchoirs à morue à Laukvik, ville de pêcheurs



Nusfjord, ville de pêcheurs
Le combat sera rude, la pression internationale est impitoyable. Le réchauffement considérable de la mer de Norvège et de la mer de Barents ces dernières années rend les forages beaucoup plus accessibles.
Tout semblait sauvé, le 22 avril 2016, la Norvège signe les accords de Paris, accords mondiaux signés suite à la COP21 dans le but d’agir contre le réchauffement climatique par des engagements à court et moyen terme. Pourtant, à peine un mois plus tard en Mai 2016, la Norvège accordait près de 10 licences à 13 groupes pétroliers pour de nouveaux forages en plein Arctique. Un acte politique “dangereux d’hypocrisie” juge Truls Gulowsen, le responsable de Greenpeace Norvège. Suite à cet accord, qui va à l’opposé de toutes les décisions et promesses faites aux citoyens du monde pour la sauvegarde de l’environnement, des associations de défense et ONG montent au créneau.



Pêcheur à la ligne à Nusfjord, ville de pêcheurs

Depuis le 14 Novembre 2017, le gouvernement Norvégien est appelé à l’audience au tribunal à Oslo, suite aux plaintes déposées par l’association mondiale pour la protection de l’environnement Greenpeace et l’organisation de jeunesse norvégienne pour l’environnement Nature and Youth. Le gouvernement doit ainsi comparaître à propos de ses nouvelles autorisations de forage pétrolier en Arctique















L’industrie pétrolière
n’est pas indifférente au
réchauffement climatique,
loin de là… elle l’utilise !



Pêcheur à Henningsvær


Vue depuis Reine, ville de pêcheurs



Fiskefjorden

Ponton sur le port d'Henningsvaer
Ponton sur le port d'Henningsvær, ville de pêcheurs


Près de Svolvær, ville de pêcheurs

 
Le déclin des morues affectera tout l'écosystème


Entrée du port de Svolvær avec la statue de la femme de pêcheur, guidant son mari pour rentrer au port


Nusfjord, ville de pêcheurs


Morues en train de sécher à Reine


A Laukvik, ville de pêcheurs

Près de Straumnes


Nusfjord, ville de pêcheurs


Le déclin des morues affectera tout l'écosystème


Près de Reine, ville de pêcheurs

 
Au port de Svolvær, ville de pêcheurs
 

Près de Straumnes


Couple de pygargues, friands de poissons


A Reine, ville de pêcheurs



Nusfjord, ville de pêcheurs


Fiskefjorden

Mise à part Fiskefjorden qui est plus proche de Narvik, toutes ces photos ont été prises dans l'archipel des Lofoten, et précisement dans les îles d'Austvågøya (Svolvær, Henningsvær, Laukvik, Straumnes), Flakstadøya (Nusfjord) et Moskenesøya (Reine) en mars 2016.



Séchoirs à Laukvik, ville de pêcheurs

jeudi 2 mars 2017

Une histoire de vie

Pierre et Danielle Estur portant une photo du Saint-Lô sur lequel ils se sont rencontrés



Il était une fois, dans une ville assez proche de Paris, un couple épatant.

Pierre Estur est né en 1921 près d’un moulin à Rouen. En 1946 il débute sa carrière de capitaine au long court à la Compagnie Générale Transatlantique. Ses qualités incontestables en tant que spécialiste des questions nautiques et de la marine marchande française mèneront sa carrière jusqu’au Paquebot France en tant que commandant adjoint de 1974 à 1976.

Née en 1922, la carrière de Danielle Laboureau concerne la pédagogie, mais pas à l’éducation nationale, au sein de l’armée en tant qu’adjointe sociale de l’armée, affectée aux jardins d’enfants des casernes de garde mobile. 


En 1947, Danielle Laboureau est alors institutrice privée des enfants pour les familles avec l’Alliance Française au Chili. A cette époque Pierre Estur, lieutenant du Liberty ship, le Saint-Lô, se rend au Chili afin d’un charger de la marchandise. A cette époque les bateaux de marchandise disposent de 5 cabines doubles destinées aux déplacements de passagers. Une fois le navire chargé en cuivre et les passagers embarqués, le Saint-Lô reprend sa route maritime pour rejoindre la France. Peu de temps après le départ, le lieutenant aperçoit une femme en pantalon en train d’escalader le premier mât. Il l’interpelle sévèrement et la somme de descendre. Il la sermonne en lui disant qu’elle a le droit comme chacun de mettre fin à ses jours, mais pas sur son bateau. Elle se justifie en expliquant qu’elle voulait juste profiter de la vue depuis les hauteurs du mât. C’est ainsi que Pierre et Danielle se sont rencontrés.

Danielle Estur désigne le mât qu'elle escaladait au moment de leur rencontre


Durant les nombreux voyages de Pierre Estur, le jeune couple s’écrit souvent. Ils se marièrent en 1949, eurent quatre enfants et traversèrent une vie riche en histoire et en amour, malgré les périls.

Durant leur retraite, Pierre transmet son incroyable savoir concernant les bateaux et l’art de les commander, tandis que Danielle se consacre d’abord à l’alphabétisation des étrangers pendant treize ans en tant que bénévole, puis à partir de 1982 à l’art et la peinture. C’est lors d’un salon artistique, en octobre 2016 que j’ai rencontré ce superbe couple, ce couple d’une rare longévité. Danielle et Pierre Estur ont alors respectivement 94 et 95 ans. Ils vivaient leur 68è année de mariage.

Ici, Danielle tient un portrait de Pierre à bord du France
 
Le 19 janvier 2017, Pierre Estur nous a quittés pour son dernier appareillage. Je lui dédie ces photos et espère que Danielle Estur y trouve le bel hommage que cette longue et merveilleuse union mérite.

Ils vécurent heureux et eurent de nombreux enfants, petits-enfants et arrière-petits enfants. Le laps de temps qu’ils ont passé sur notre planète aura laissé une trace dans le cœur de tous ceux qui les ont croisés.