Message laissé au monde par les pêcheurs de Svolvær
NO OIL
Le message est clair. A Svolvær,
Ville de l’île Austvågøya des iles Lofoten en Norvège septentrionale, les
pêcheurs de skrei ne veulent pas de
forages pétroliers.
Le skrei, utilisé sur la photo ci-dessus sur les séchoirs
pour faire passer le message, est un cabillaud vivant dans la mer de Barents et qui vient frayer entre
janvier et avril dans l’archipel des Iles Lofoten.
A travers le monde, les cabillauds font partie des espèces dont la population
régresse chaque année en raison de la pollution et de la pêche intensive. En
Norvège, dès
le XVIIe siècle, les méthodes de
pêche au filet ont été accusées d’être à l’origine de la raréfaction du
poisson. Ainsides plaintes ont été
adressées au roi et le résultat fut l’interdiction de ces méthodes. Cette
politique stricte de quotas qui permet une préservation efficace des ressources
halieutiques. En 2012, la biomasse totale dans la mer de Barents est
estimée à environ 2,8 millions tonnes, ce qui fait de cette population de
cabillauds la plus importante au monde.
Eliassen Rorbuer, tout près de Reine, ville de pêcheurs
C’est maintenant prouvé : des études de 2009 ont montré que de faibles
doses de pétrole brut exposées aux cabillauds avaient des effets sur leur
coagulation, leur système immunitaire, leur fertilité et leur métabolisme,
entre autre (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19682737). On sait également que les vibrations des plates formes pétrolières ainsi
que le flux de tankers risquent fortement de perturber les migrations de
poissons et mammifères.
Le message que les pêcheurs des îles Lofoten
veulent passer au monde est donc légitime. Ce message est écologique, mais
aussi sociale : la pêche du skrei
est toujours la principale activité des habitants de l’archipel.
Séchoirs à morue à Laukvik, ville de pêcheurs
Nusfjord, ville de pêcheurs
Le combat sera rude, la pression internationale est
impitoyable. Le réchauffement considérable de la mer de Norvège et de la mer de
Barents ces dernières années rend les
forages beaucoup plus accessibles.
Tout
semblait sauvé, le 22 avril 2016, la Norvège signe les accords de Paris,
accords mondiaux signés suite à la COP21 dans le but d’agir contre le réchauffement climatique par des
engagements à court et moyen terme. Pourtant, à peine un mois
plus tard en Mai 2016, la
Norvège accordait près de 10 licencesà 13 groupes pétroliers pour de nouveaux
forages en plein Arctique. Un acte politique “dangereux
d’hypocrisie” juge Truls Gulowsen, le responsable de Greenpeace Norvège. Suite
à cet accord, qui va à l’opposé de toutes les décisions et promesses faites aux
citoyens du monde pour la sauvegarde de l’environnement, des associations de
défense et ONG montent au créneau.
Pêcheur à la ligne à Nusfjord, ville de pêcheurs
Depuis
le 14 Novembre 2017, le gouvernement Norvégien est appelé à l’audience au tribunal à Oslo,
suite aux plaintes déposées par l’association mondiale pour la protection de
l’environnement Greenpeace et
l’organisation de jeunesse norvégienne pour l’environnement Nature and Youth. Le
gouvernement doit ainsi
comparaître à propos de ses nouvelles autorisations de forage pétrolier en
Arctique
L’industrie
pétrolière
n’est pas indifférente au
réchauffement climatique,
loin de là… elle
l’utilise !
Pêcheur à Henningsvær
Vue depuis Reine, ville de pêcheurs
Fiskefjorden
Ponton sur le port d'Henningsvær, ville de pêcheurs
Près de Svolvær, ville de pêcheurs
Le déclin des morues affectera tout l'écosystème
Entrée du port de Svolvær avec la statue de la femme de pêcheur, guidant son mari pour rentrer au port
Nusfjord, ville de pêcheurs
Morues en train de sécher à Reine
A Laukvik, ville de pêcheurs
Près de Straumnes
Nusfjord, ville de pêcheurs
Le déclin des morues affectera tout l'écosystème
Près de Reine, ville de pêcheurs
Au port de Svolvær, ville de pêcheurs
Près de Straumnes
Couple de pygargues, friands de poissons
A Reine, ville de pêcheurs
Nusfjord, ville de pêcheurs
Fiskefjorden
Mise à part Fiskefjorden qui est plus proche de Narvik, toutes ces photos ont été prises dans l'archipel des Lofoten, et précisement dans les îles d'Austvågøya (Svolvær, Henningsvær, Laukvik, Straumnes), Flakstadøya (Nusfjord) et Moskenesøya (Reine) en mars 2016.
Pierre et Danielle Estur portant une photo du Saint-Lô sur lequel ils se sont rencontrés
Il
était une fois, dans une ville assez proche de Paris, un couple épatant.
Pierre
Estur est né en 1921 près d’un moulin à Rouen. En 1946 il débute sa carrière de
capitaine au long court à la Compagnie Générale Transatlantique. Ses qualités
incontestables en tant que spécialiste des questions nautiques et de la marine
marchande française mèneront sa carrière jusqu’au Paquebot France en tant que commandant adjoint de 1974 à 1976.
Née
en 1922, la carrière de Danielle Laboureau concerne la pédagogie, mais pas à
l’éducation nationale, au sein de l’armée en tant qu’adjointe sociale de
l’armée, affectée aux jardins d’enfants des casernes de garde mobile.
En
1947, Danielle Laboureau est alors institutrice privée des enfants pour les
familles avec l’Alliance Française au Chili. A cette époque Pierre Estur, lieutenant
du Liberty ship, le Saint-Lô, se rend
au Chili afin d’un charger de la marchandise. A cette époque les bateaux de
marchandise disposent de 5 cabines doubles destinées aux déplacements de passagers.
Une fois le navire chargé en cuivre et les passagers embarqués, le Saint-Lô reprend sa route maritime pour
rejoindre la France. Peu de temps après le départ, le lieutenant aperçoit une
femme en pantalon en train d’escalader le premier mât. Il l’interpelle
sévèrement et la somme de descendre. Il la sermonne en lui disant qu’elle a le
droit comme chacun de mettre fin à ses jours, mais pas sur son bateau. Elle se
justifie en expliquant qu’elle voulait juste profiter de la vue depuis les
hauteurs du mât. C’est ainsi que Pierre et Danielle se sont rencontrés.
Danielle Estur désigne le mât qu'elle escaladait au moment de leur rencontre
Durant
les nombreux voyages de Pierre Estur, le jeune couple s’écrit souvent. Ils se
marièrent en 1949, eurent quatre enfants et traversèrent une vie riche en
histoire et en amour, malgré les périls.
Durant
leur retraite, Pierre transmet son incroyable savoir concernant les bateaux et
l’art de les commander, tandis que Danielle se consacre d’abord à
l’alphabétisation des étrangers pendant treize ans en tant que bénévole, puis à
partir de 1982 à l’art et la peinture. C’est lors d’un salon artistique, en
octobre 2016 que j’ai rencontré ce superbe couple, ce couple d’une rare
longévité. Danielle et Pierre Estur ont alors respectivement 94 et 95 ans. Ils
vivaient leur 68è année de mariage.
Ici, Danielle tient un portrait de Pierre à bord du France
Le
19 janvier 2017, Pierre Estur nous a quittés pour son dernier appareillage. Je
lui dédie ces photos et espère que Danielle Estur y trouve le bel hommage que
cette longue et merveilleuse union mérite.
Ils
vécurent heureux et eurent de nombreux enfants, petits-enfants et
arrière-petits enfants. Le laps de temps qu’ils ont passé sur notre planète
aura laissé une trace dans le cœur de tous ceux qui les ont croisés.
Aurore boréale au dessus d'une piste de ski près de Tromsø le 9 mars
Cela faisait pas mal de temps que je voulais visiter un pays nordique. J'ai alors étudié les différentes options et j'ai fini par choisir la Norvège. J'ai motivé mon ami Guillaume Boitelle et nous sommes partis les 10 premiers jours de mars 2016. La Norvège est un pays immense et tout en longueur, il est impossible de tout traverser en 10 jours. Nous choisissons comme point de chute la superbe capitale du Nord : Tromsø. Nous y logeons quelques temps et choisissons ensuite comme autre pied à terre Straumnes, au nord de l'Ile Austvågsøya, qui fait partie elle-même des Iles Lofoten.
Les motivations de ce voyage sont le dépaysement, la contemplation, et une chance de profiter des célèbres Aurores Boréales. Nous avons eu cette chance, à plusieurs reprises, avec différents paysages et sous différentes conditions.
Aurore Boréale à Straumnes, le 6 mars, devant une partie de la Grande Ourse en haut à gauche, Arcturus en bas à gauche et Jupiter en bas à droite
L'apparition d'aurores polaires (boréales et australes) est due aux particules chargées du vent solaire. Ce dernier est dévié par la magnétosphère terrestre et une partie des particules est redirigée autour des pôles magnétiques. Lorsque ces particules chargées sont confrontées à la haute atmosphère elles forment les aurores polaires. Elles s'observent principalement dans une zone annulaire appelée « zone aurorale » (entre 65° et 75° de latitude).
Ce phénomène se situe entre 90 et 180 km d'altitude, c'est à dire largement au dessus des nuages. Pour qu'il puisse être observé, il est donc impératif que le ciel soit dégagé.
Aurore Boréale au port de Laukvik, le 7 mars, devant les Pléiades à droite et derrière un épais voile nuageux empêchant la pleine observation des détails de l'Aurore
Guillaume observant une aurore boréale devant notre logement à Tromsø le 1er mars
On
observe les aurores boréales la nuit tout simplement parce que le jour,
elles sont masquées par la lumière du soleil. De même, il est bien plus
difficile de les observer les nuits de pleine lune ou dans les grandes
villes à cause de la pollution lumineuse.
Sur
la photo ci-contre, prise en ville, le phénomène largement atténué par
la lumière de la ville m'a forcé à pousser le traitement afin de le
rendre plus visible. Une perte de qualité significative se fait bien sûr
ressentir.
Les aurores ne sont pas facilement observables toute l'année. Les périodes les plus propices sont les mois de septembre/octobre et février/mars. En été, le fait qu'il n'y ait pas ou peu de nuit empêche leur observation. L'hiver, l'absence de jour et les conditions climatiques polaires (froid et neige abondante) rend plus difficile tout déplacement. Nous avons choisi le mois de mars plutôt que le mois d'octobre car au nord de la Norvège, le mois d'octobre étant le plus pluvieux, la probabilité d'un ciel couvert est plus grande.
Aurore Boréale à Straumnes, à côté de notre logement, le 5 mars
Vous pouvez constater sur certaines photos plus de couleurs que sur d'autres. On remarque notamment l'apparition du violet. Pour tout vous dire, ces couleurs sont apparues sur certaines photos quand l'intensité de l'aurore n'était pas trop forte. Cela dit, nous ne les avons pas vues de nos propres yeux. La seule couleur que nous ayons observée était le vert plus ou moins vif. D'après ce que j'ai pu lire, il est possible de voir d'autres couleurs telles que du rouge, mais nous n'avons pas eu cette chance.
Aurore Boréale à Straumnes, près de la plage, dos à la mer, le 6 mars On distingue une partie d'Orion à travers les nuages à gauche de la grange en ruine et les Pléiades touchant des nuages en haut à droite de cette même grange
Les techniques que j'ai utilisées pour photographier ces lueurs célestes variaient en fonction de la pollution lumineuse du site où je me trouvais. Dans les Iles Lofoten, le ciel est beaucoup plus épargné qu'à Tromsø. A chaque fois, j'utilisais mon objectif 20mm 1.8. Dans les Iles Lofoten, je l'ai réglé à 1600 ISO, ouvert à f2.8 pendant 15 secondes. Au même endroit sur un ciel plus nuageux et une aurore moins lumineuse, j'ai ouvert à f1.8 pendant 12 secondes au même ISO. Mais le résultat est meilleur à f2.8 car moins d’aberrations chromatiques.
Aurore Boréale à Straumnes, le 6 mars, devant Arcturus en bas à gauche et Jupiter en bas à droite
Aurore boréale au dessus de Tromsø le 9 mars
Aux alentours de Tromsø, pour le même ISO, j'ai ouvert à f3.5 pendant 15 secondes par photo, mais il a été beaucoup plus difficile en post-traitement d'obtenir un résultat esthétique et équilibré à cause de la pollution lumineuse. Cela dit, j'ai aussi réalisé une photo d'une aurore au dessus de la ville. Cette fois, j'étais réglé à 800 ISO, ouvert à f5.6 pendant 15 secondes.
On parle beaucoup plus d'aurores boréales (hémisphère nord) que d'aurores australes (hémisphère sud) tout simplement parce qu'elles sont beaucoup plus faciles à observer. En effet, dans l'hémisphère sud, il n'y a que très peu de terres se situant dans la zone aurorale.
Aurore Boréale sur la plage de Straumnes, le 5 mars, devant une partie de la voie lactée, Andromède à gauche et un flash iridium juste à côté
Là-bas, la montagne se jette dans la mer La neige s’allonge sur la plage C'est la fin de l'hiver La nuit, le ciel s'embrase D'un feu couleur émeraude Un cadeau de l'univers Un spectacle hypnotique, La danse du vent solaire Dans les hauteurs du ciel.
Aurore Boréale à Straumnes, le 6 mars, devant une partie de la Grande Ourse en haut à gauche et Arcturus en bas à gauche
Aurore boréale au dessus d'une piste de ski près de Tromsø le 9 mars
Aurore Boréale à Straumnes, le 6 mars, devant Arcturus en bas à gauche et Jupiter en bas à droite
Aurore Boréale à Straumnes, près de la plage, dos à la mer, le 6 mars On
distingue une partie d'Orion à travers les nuages à gauche de la grange
en ruine
Aurore Boréale sur la plage de Straumnes, le 5 mars, devant une partie de la voie lactée et Andromède à gauche
Aurore Boréale à Straumnes, le 6 mars, devant Arcturus en bas à gauche et Jupiter en bas à droite
Aurore boréale au dessus d'une piste de ski près de Tromsø le 9 mars
Aurore Boréale à Straumnes, le 6 mars, devant Arcturus en bas à gauche et Jupiter en bas à droite
Autoportrait devant une Aurore Boréale à Straumnes, près de la plage, dos à la mer, le 6 mars On
distingue une partie d'Orion derrière ma main droite et les Pléiades en haut à droite de la grange en ruine
Vous pouvez profiter maintenant de ces images de façon animées à travers ce Time-Lapse que j'ai réalisé à partir de mes prises de vues lors de ce voyage :
J'ai hâte de retourner dans le grand nord et d'approfondir ce travail !