vendredi 12 février 2016

40 ans de Bettina Rheims à la Maison Européenne de la Photographie

Autoportrait dans un échantillon issu d'une photographie de la série "I.N.R.I."











Depuis le 28 janvier et jusqu'au 27 mars 2016, La MEP (Maison Européenne de la Photographie) propose une exposition des œuvres de Bettina Rheims retraçant 40 ans de photographie.






















Échantillons d’œuvres photographiques de Bettina Rheims


Échantillon issu d'une œuvre de Bettina Rheims











Fondée en 1996, la MEP, sous la direction de Jean-Luc Monterosso et la présidence d’Henry Chapier est la suite logique de l'association « Paris Audiovisuel » datant elle de 1978 et qui était devenue énorme. Alors que la MEP n'existait pas encore, Bettina Rheims avait déjà exposé sa série "Modern Lovers" avec l'association « Paris Audiovisuel ». En 2000 elle installa avec Serge Bramly, son ex-mari, à la MEP la série "I.N.R.I." qui interpella grandement le public.













Laé, une amie m'ayant accompagné à l'exposition, se reflétant dans un échantillon photographique.















Débutant sa carrière dans les années 70, Bettina Rheims ne cesse depuis de bouleverser l'iconographie traditionnelle en travaillant sur ses deux obsessions : la beauté et l'imperfection.
















  Échantillon d’œuvre photographique

Œuvres sur le thème du genre telles que "Modern Lovers" ou encore "Gender Studies"









Bettina Rheims s’intéresse tout au long de sa carrière à l'identité et particulièrement au genre. Elle va s'y confronter à plusieurs reprises depuis la fin des années 1980 avec "Modern Lovers" et le trouble de l'apparence lié à l'androgynie jusqu'à récemment en 2011 avec "Gender Studies" où elle réalise un travail audio-visuel avec Fréderic Sanchez sur ces personnes appartenant à un genre "autre".  Entre ces périodes, par le biais de Kim Harlow, l'artiste rencontra de nombreuses personnes transsexuelles et réalisa les séries "Kim" et "Les Espionnes".












"Il y avait un moment, un seul, où ils devenaient homme et femme à la fois. J'avais juste le temps d'appuyer sur le bouton avant que cette impression ne disparaisse. (...) Les choses se passaient en une fraction de seconde. Et quand je fixais les modèles dans cette lumière plate, j'avais le sentiment d'épingler des papillons sur du liège."

Bettina Rheims, dans "Modern Lovers", 1990


"Malgré tout je me sentais (...) prête à me donner totalement, pour ce sujet il me fallait oublier ma trop grande féminité et réveiller ce garçon qui est malgré tout un petit peu en moi, j'essayais d'utiliser mes yeux et mes muscles, je voulais tellement donner à Bettina ce qu'elle recherchait et pendant deux jours je n'ai fait qu'exacerber ce contre quoi j'avais lutté pendant des années."

Kim Harlow, dans "Kim", 1994


Laé s'inspirant des travaux sur le genre


Autoportraits dans des photos parmi les premières de Bettina Rheims





Dès la fin des années 1970, l'artiste créé dans le nu, des postures décalées, de l'abandon, de la torsion. De cette série publiée puis exposée découlera les commandes de portraits puis rapidement de photos de mode.



"Pour Bettina Rheims la photographie s'est construite d'abord en noir et blanc, sur une approche intime de l'autre, en choisissant des artistes foraines, des acrobates, (...), afin de toucher par le biais de performance ce qui normalement ne se montre pas. Et déjà apparaissait cette particularité qui allait devenir sa marque ; recréer, réinventer - en studio, ailleurs - l'espace d'une rencontre."

Serge Bramly, 2004








Autoportrait dans un échantillon d'une œuvre de la série "Animal"


Au début des années 80, lassée par l'indifférence de ses modèles, Bettina Rheims se lance dans des portraits d'animaux empaillées, redonnant une étincelle de vie dans l'ultime regard de ce bestiaire immobile. De plus, elle interpelle sur le pouvoir de la photographie sur la mort : donner à voir quelque chose qui n'est plus. En tant que Glenn Ulrici, jeune photographe en 2016, je me retrouve très bien dans cette démarche et comprends parfaitement ce cheminement.


"Un instantané ; cette fraction de seconde pendant laquelle s'ouvre le diaphragme symbolise à merveille la longueur de notre existence au sein de l'éternité. (...) Tout cliché, aussi joyeux soit-il, constitue un memento mori."

Serge Bramly, 1994







Avec "Chambre Close", Bettina Rheims réalise sa première fiction photographique à partir d'un texte que Serge Bramly lui fait lire : l'histoire de Monsieur X, amateur distingué, accessoirement voyeur. La photographe propose donc le point de vue subjectif de ce personnage.
C'est à la suite de cette série très colorée au décor travaillé que Madonna demande à l'artiste de réaliser une série de photos dans le style de cette série.


Échantillon d'une photo de Madonna par Bettina Rheims


Autoportrait au crane du christ, échantillon de l’œuvre.




En 1997, Bettina Rheims et Serge Bramly réalisent des fresques réinterprétant les évangiles à notre époque. Cette série, "I.N.R.I.", permet à ces artistes "d'introduire la narration dans la photographie ; d'essayer surtout d'approcher la mécanique mystérieuse par quoi l'image devient icône" (Serge Bramly, 2004).

Cette série fut très controversée en France. En effet, les chrétiens intégristes et l'extrême droite  trainent les artistes en justice avant d'être déboutés alors qu'en Italie et en Allemagne, les œuvres sont exposées dans des églises.

Personnellement, j'ai découvert ces œuvres au début des années 2000 alors que je commençais seulement à faire des photos. J'ai été frappé, stupéfait et émerveillé par cette série qui continue encore de m’inspirer.






"A l'origine de notre projet, il y a le souvenir, ou le pressentiment, de telles images : des icônes modernes. (...) Recomposer de telles scènes, visions ou "apparitions", voici le but que nous nous sommes fixé."

Serge Bramly, dans I.N.R.I., 1998


Laé, devant trois œuvres de la série "héroïnes"


"Héroïnes" est une série réalisée avec le créateur Jean Colonna en 2005. Posées sur un socle telles des sculptures, tenues froissées, mal enfilées, représentantes de la beauté moderne, les femmes dans ce thème, expriment à travers un regard nostalgique un sentiment d'abandon et/ou de désillusion.



Échantillons des œuvres de la série "Morceaux choisis"


Début 2001, Bettina Rheims installe en studio quatre jeunes femmes nues baignées d'un décor minimaliste et d'éclairage nacré. Du blanc, du rouge, quelques chaussures de créateurs et une seule consigne pour ces femmes : faire l'amour "pour de vrai". Durant un jour et une nuit, la photographe immortalise certains moments, certains détails, sans autre consigne. Une réflexion parmi les plus critiques sur la pornographie.



La série "Détenues" face à es portraits de pop-stars des années 2000


Automne 2014, Bettina Rheims arpente quatre établissements pénitentiaires et y photographie plus d'une soixantaine de détenues.
L'artiste s'est demandé comment se perçoivent ces femmes elles-même alors qu'elles ne sont plus regardées. Serait-il possible de leur rendre leur féminité en les photographiant ?
Une partie de ce travail est exposé pour la première lors de cette exposition en plaçant ces portraits face à des photos de pop-star des années 2000 ultra- regardées et au style percutant.


Laé : Hello ! Mr président.


Bettina Rheims fut sollicité par M. Jacques Chirac en 1995, entre les deux tours des élections présidentielles pour suivre le président pendant ses quatre derniers jours de campagne électorale. Une fois M. Chirac ré-élu, elle hérita de la responsabilité de la photographie officielle du président de la république qui pour la première fois était prise hors du palais de l’Élysée.


Série "Just Like A Woman"


Traces de soutien-gorges, corsets ou autres accessoires sur le corps moite nu ou presque, position allongée sur des draps froissés et différents pour chaque photo, vue du dessus, joues rouges, regards très expressifs, à travers la série "Just Like A Woman", Bettina Rheims semble avoir figé le moment juste après un orgasme chez ces femmes, imperceptible frontière entre extase et souffrance. Projet réalisé avec Serge Bramly.



Œuvres issues de "The Book Of Olga"


"The book of Olga", un recueil de plus de cent photos d'Olga Rodionova. Ce travail fut commandité par le mari de cette femme fatale et réalisé en trois shootings.


Échantillon d’œuvre issue de la série "Rose, C'est Paris"


"Rose, C'est Paris", une autre fiction issue de l'imaginaire de Bettina Rheims et Serge Branly. Il s'agit du récit d'une "fantomas" féminine à travers un Paris en noir et blanc. Portrait d'un personnage imaginaire à travers le portrait d'un Paris de l'ombre, personnel, presque intime des artistes.


Échantillon d’œuvre de la série "Bonkers"














Des "It girls" anglaises, mises en valeurs pour montrer la frivolité, du charme et de l’inspirante audace de leur génération. Telle est ce que nous montre l'artiste dans la série "Bonkers! A fortnight in London"



















Laé et moi même se reflétant dans un échantillon d'une photo de la série "Just Like A Woman"


Échantillon d’œuvre de Bettina Rheims


Échantillon d’œuvre de Bettina Rheims


Échantillon d’œuvre de la série "Modern Lovers"


Auto-portraits dans la chevelure de Monica Bellucci par Bettina Rheims








































Échantillon d’œuvre issu de la série "Détenues"


Échantillon d’œuvre issu de la série "Détenues"




























Échantillon d’œuvre issu de la série "Détenues"


Œuvres de la série "Gender Studies"


Autoportrait dans la tête de Asia Argento par Bettina Rheims



Cette exposition retrace avec précision la carrière de cette artiste incontournable.  Je suivais depuis le début des années 2000 ses œuvres, mais pouvoir admirer ses tirages vertigineux m'ont transporté et je ne peux que recommander d'y aller.











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